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Institut de recherche Bruyère

Rapports de Bruyère

Outils de dépistage et d’évaluation du risque de chute en soins continus, fondé sur des données probantes ― Un examen rapide de Bruyère

 

Auteurs: Vivian Welch, Elizabeth Ghogomu et Beverley Shea

Sommaire de gestion

L’objet de cet examen était d’évaluer l’efficacité des outils de dépistage du risque de chute et de l’évaluation du risque de chute qui servent à établir un point de référence dans les interventions de prévention des chutes dans quatre environnements de soins continus, soient les soins palliatifs, la réadaptation gériatrique et post-AVC, les soins de longue durée et les soins médicaux de courte et de longue durée ou soins subaigus.

 

Nous avons dépouillé la base de données MEDLINE pour y puiser des lignes directrices et des revues systématiques portant sur l’évaluation de la validité prédictive et l’efficacité des outils de dépistage et d’évaluation des risques dans ces milieux de soins continus. Nous y avons dégagé quatre lignes directrices de grande qualité et six revues systématiques de qualité variable.

 

Dans les quatre lignes directrices relatives à la pratique clinique, il appert que l’utilité d’un outil de dépistage du risque de chutes à l’admission en tant que moyen pour catégoriser les personnes jugées à risque élevé de faire une chute est discutable. D’ailleurs, les lignes directrices du National Institute of Health and Clinical Excellence du Royaume-Uni (2013) ne sont pas favorables à l’utilisation d’un outil de dépistage, et l’Australian Commission on Safety and Quality in Health Care (2009) penche plutôt en faveur d’une évaluation complète du risque de chute. De son côté, l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario a mis à jour ses lignes directrices en 2011, dans lesquelles elle recommande un dépistage du risque de chute au moyen d’instruments universels comme l’Échelle des chutes de Morse et l’outil d’évaluation du risque STRATIFY suivi d’une évaluation du risque dans le but de cibler les facteurs de risque modifiables. Parallèlement, les lignes directrices de l’American Geriatrics Society (2010) recommandent de détecter le risque de chute par la méthode des trois questions suivie d’une évaluation multifactorielle complète du risque. 

 

Les quatre lignes directrices de la pratique clinique recommandent une évaluation multifactorielle complète du risque pour dégager les facteurs de risque modifiables pour chaque personne prédisposée aux chutes et mettre en place des interventions sur mesure pour ces facteurs de risque. Ainsi, le groupe d’examen des meilleures preuves de Bruyère a rédigé un rapport complémentaire sur l’efficacité des stratégies de prévention des chutes et indique que grâce aux interventions multifactorielles basées sur l’évaluation des risques, on arrive à prévenir sept chutes sur mille de plus que si l’on exerçait simplement un contrôle ou des soins habituels (RR=0,69, 95 % IC 0,49 à 0,96). 

 

Les quatre lignes directrices de la pratique clinique recommandent que le choix des outils de dépistage et de l’évaluation du risque tienne compte des besoins du patient, de l’utilité clinique, de la faisabilité pour le personnel, de l’acceptation du patient et de la similitude entre la population de patients et la population pour laquelle l’instrument a été conçu ou évalué. Aucun outil d’évaluation du risque de chutes précis n’a été recommandé pour ces milieux de soins, car chaque milieu de soins a des forces et des faiblesses qui lui sont propres. En ce qui a trait aux six revues systématiques, elles ont permis de cibler dix-huit outils de dépistage du risque et quatre outils d’évaluation du risque qui ont satisfait au critère d’un taux de sensibilité et de spécificité de plus de 70 %. Ces outils sont accessibles au public.  

 

La totalité des lignes directrices de la pratique clinique insistent sur la formation du personnel et les examens continus comme moyens pour favoriser des évaluations individualisées du risque de chute (seront actualisées au besoin), repérer les facteurs de risque modifiables et définir des interventions qui correspondent aux facteurs de risque, aux besoins, aux valeurs et aux préférences du client. Il ne faut pas oublier que lorsqu’il est question de prévention des chutes, on touche à une corde sensible chez le client et le patient, car ils l’associent souvent à la perte d’autonomie. En outre, la prévention des chutes est une question délicate pour le personnel, qui craint parfois les conséquences ou le blâme. Il peut s’avérer utile de faire de l’enseignement au personnel et aux clients pour balayer les réticences au changement et insister sur les aspects positifs des mesures de prévention des chutes.

 

Conclusion : Étant donné la variété d’outils et de domaines évalués et la diversité des patients et des clients de divers milieux, il peut être impossible d’arrêter son choix sur un seul outil pour l’ensemble des environnements de soins de Bruyère. Nous croyons que les équipes de mise en œuvre locales possédant l’expertise et la connaissance clinique de chaque milieu sont les mieux placées pour se prononcer sur le choix de l’outil le plus approprié à leur milieu et la méthode à privilégier pour les appliquer en misant à la fois sur les connaissances et les aptitudes du personnel et des clients dans le but de mettre de l’avant les aspects positifs de la prévention des chutes et la culture de formation continue. 

 

Pour lire le rapport intégral (en anglais), cliquez ici.