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Des personnes qui attendent en ligne

Les magasins de cannabis sont concentrés dans des quartiers défavorisés

13/08/2019

Six mois après la légalisation du cannabis à usage récréatif au Canada, 260 magasins de cannabis avaient ouvert leurs portes un peu partout au pays, et on en compte deux fois plus dans les quartiers défavorisés que dans les quartiers favorisés. Les résultats de cette étude ont été publiés dans le CMAJ Open par une équipe de chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa, de l’Université d’Ottawa et de l’Institut de recherche Bruyère.

L’étude a aussi révélé que dans les provinces et les territoires qui comptent des magasins privés (n’appartenant pas à l’État) :

  • On dénombre 49 % plus de magasins par habitant.
  • Les magasins sont ouverts 9,2 heures de plus par semaine, en moyenne.
  • Les magasins sont situés quelque 167 mètres plus près des écoles.
« Ces données préliminaires suggèrent que les magasins de cannabis récréatif sont surtout situés dans des quartiers défavorisés et que la disponibilité du cannabis récréatif pourrait être plus importante dans les provinces et les territoires qui en autorisent la vente dans des magasins privés », explique l’auteur, le Dr Daniel Myran, médecin de famille et médecin résident en santé publique à l’Université d’Ottawa, et formateur à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Institut de recherche Bruyère. « Nous espérons que cette étude, combinée à d’autres données, aidera les gouvernements à prendre des décisions fondées sur des données probantes, alors que le contexte entourant le cannabis récréatif continue d’évoluer. »

Le 17 octobre 2018, le Canada est devenu le premier pays à revenu élevé à légaliser le cannabis à usage récréatif sur tout son territoire. Bien que certains règlements fédéraux aient été mis en place, les treize provinces et territoires canadiens ont pu choisir leur propre modèle de vente au détail (magasins du secteur public, du secteur privé ou modèle hybride combinant public et privé) et élaborer d’autres règlements relatifs à la vente du cannabis. Cinq provinces et territoires ont opté pour la vente de cannabis gérée par le secteur public; cinq autres ont adopté un modèle de vente au détail qui relèvera du privé; deux encore ont opté pour un modèle hybride et un autre ne possède pas de magasins de vente au détail. Tous les gouvernements provinciaux et territoriaux autorisent la vente en ligne.

Les membres de l’équipe de recherche ont dressé une liste de tous les magasins de cannabis au Canada à l’aide de renseignements obtenus sur des sites Web gouvernementaux. Ils ont consigné l’emplacement et les heures d’ouverture des magasins de cannabis, en vérifiant l’information directement auprès de ces commerces, au besoin. Ils ont ensuite relevé les emplacements des écoles à l’aide de CanMap et le revenu moyen par code postal de Statistique Canada. Ils ont ensuite trié les quartiers en quintiles, en fonction du revenu moyen, et recensé le nombre de magasins de cannabis situés à moins d’un kilomètre du centre de chaque quartier. Les chercheurs ont ainsi découvert que 587 quartiers du quintile de revenu le plus bas comptaient un ou plusieurs magasins de cannabis comparativement à 245 quartiers du quintile de revenu le plus haut.

« Le Canada se livre à une vaste expérience sans précédent avec la légalisation du cannabis récréatif, et il est très important de recueillir autant de données que possible », précise le Dr Peter Tanuseputro, auteur principal de l’étude, médecin et scientifique à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Institut de recherche Bruyère, et chargé d’enseignement à l’Université d’Ottawa. « Nous devons non seulement comprendre où et comment le cannabis est vendu, mais aussi quelles sont ses répercussions sur la santé et la société. Nous espérons que notre étude aidera à résoudre ce casse-tête. »

Référence complète (en anglais seulement) : Access to cannabis retail stores across Canada six months following legalization: a descriptive study. Daniel T. Myran, Catherine R. L. Brown, Peter Tanuseputro, CMAJ Open

Financement : Cette étude n’a pas reçu de financement particulier, mais l’Institut de recherche Bruyère a financé la publication en libre accès, et la Fondation de L’Hôpital d’Ottawa soutient toutes les recherches menées à L’Hôpital d’Ottawa.