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Selon une étude, la dépénalisation de certaines drogues en Colombie-Britannique a entraîné une baisse significative des démêlés avec la justice pénale

14/04/2025

Ottawa, le 14 avril 2025. – Une nouvelle étude a comparé les résultats avant et après la dépénalisation de certaines drogues en Colombie-Britannique avec ceux du reste du Canada, et a conclu que les politiques de dépénalisation n’ont rien changé aux taux d’hospitalisation et de décès imputables à la consommation d’opioïdes et de stimulants.

La crise des surdoses de drogues reste un problème majeur, responsable de 8 459 décès au Canada et de 105 007 aux États-Unis seulement en 2023. La dépénalisation des drogues a donc été proposée comme mesure possible pour atténuer la crise actuelle. Ainsi, en janvier 2023, la Colombie-Britannique a dépénalisé la possession et la consommation en public d’au plus 2,5 grammes de certaines drogues, notamment les opioïdes, la cocaïne et ses dérivés, la méthamphétamine et l’ecstasy (ou MDMA).

En utilisant les données recueillies sur l’ensemble des hospitalisations et des décès liés à la drogue et sur les incidents liés à la drogue au Canada déclarés par la police, les chercheurs ont évalué l’évolution des effets sur la santé et la justice pénale au cours de la première année qui a suivi la dépénalisation. L’étude vise à comparer les changements survenus en Colombie-Britannique par rapport au reste du Canada au cours des deux années précédant la dépénalisation des drogues et l’année qui a suivi.

Au Canada, entre 2021 et 2023, on dénombrait 24 170 décès liés aux opioïdes et 13 236 liés aux stimulants; côté hospitalisations, on en recensait 18 123 liées aux opioïdes et 6 978 liées aux stimulants.

Les auteurs ont constaté que la dépénalisation des drogues en Colombie-Britannique a donné les résultats escomptés en réduisant immédiatement de 57 % les démêlés avec la police pour cause de possession de drogue. Au cours de la même période, il n’y a pas eu de changement dans le nombre d’incidents liés à la possession de drogues non dépénalisées dans le reste du Canada ni dans le nombre d’incidents liés au trafic de drogues non dépénalisées en Colombie-Britannique.

Au cours de la première année de dépénalisation en Colombie-Britannique, il n’y a pas eu d’augmentation ni de diminution significative des taux d’hospitalisation ou de décès liés aux stimulants ou aux opioïdes, par rapport aux deux années précédentes, ni de différence significative par rapport aux changements survenus dans le reste du Canada au cours de la même période.

« Les données confirment que la dépénalisation des drogues a considérablement réduit les interventions policières pour possession de drogue en Colombie-Britannique, mais n’a pas eu d’effet immédiat sur les décès ou les hospitalisations liés à la consommation d’opioïdes ou de stimulants. Bien qu’une surveillance permanente soit nécessaire, les constatations révèlent le bien-fondé d’autres mesures pour atténuer la crise actuelle », a indiqué le Dr Daniel Myran, chercheur à l’Institut de recherche Santé Bruyère, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en responsabilité sociale au Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa et chercheur associé à l’Institut de recherche de L’Hôpital d’Ottawa.

Les auteurs ont noté que, bien qu’il n’y ait pas eu de baisse des taux d’hospitalisation ou de décès provoqués par les opioïdes et les stimulants, la dépénalisation n’a pas non plus été reliée à une hausse des cas de surdose. Étant donné que le fait d’avoir un casier judiciaire peut être préjudiciable pour la personne, cette politique de dépénalisation peut représenter un avantage pour les consommateurs de drogues.

« Il est important de souligner que même si les données n’ont pas montré de changements significatifs dans les effets sur la santé après la dépénalisation, la baisse des interventions policières pour possession de drogue en petite quantité a conduit à une diminution significative des démêlés avec la justice pénale, ce qui pourrait se traduire par d’importants avantages sociaux et sanitaires pour les consommateurs de drogue », a déclaré Adrienne Gaudreault, étudiante en médecine à l’Université Dalhousie. « Néanmoins, les données montrent aussi clairement qu’à elle seule, la dépénalisation ne contribue pas directement à réduire les cas de surdoses. »

L’article « Drug Decriminalization in British Columbia and Changes in Drug Crime and Opioid and Stimulant Harms » a paru dans le Journal of the American Medical Association.

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :
Jasmine Rooke
Communications en recherche, l’Institut de recherche Santé Bruyère
jrooke@bruyere.org