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Une chercheuse de bruyère évalue l’acceptation par le patient d’un nouveau traitement contre une maladie tropicale négligée

13/12/2017

La chercheuse Alison Krentel de Bruyère travaille avec des partenaires étrangers, parmi lesquels l’Organisation mondiale de la Santé, pour mettre un terme à la propagation de la filariose lymphatique, une maladie tropicale négligée et débilitante. La communauté mondiale a confirmé l’année 2020 comme cible pour l’élimination de cette maladie en tant que problème de santé publique et pour ce faire, elle procédera à la distribution massive du régime médicamenteux aux personnes admissibles qui vivent dans des endroits où la maladie est présente.

Ces douze derniers mois, les chercheurs associés au projet DOLF, ou Death to Onchocerciasis and Lymphatic Filariasis (Fin de l’onchocercose et de la filariose lymphatique), dont les locaux sont situés à l’Université Washington de Saint-Louis, ont mené une étude dans des communautés de cinq pays afin de déterminer l’innocuité de la combinaison médicamenteuse d’ivermectine, de citrate de diéthylcarbamazine et d’albendazole. Cette combinaison est plus efficace que le plan de traitement précédent, qui consistait à combiner seulement deux de ces trois médicaments. Cette recherche était financée par la Fondation Bill-et-Melinda-Gates.

Les travaux de la chercheuse visent à déterminer si les membres des communautés visées acceptent la trithérapie utilisée dans l’essai d’innocuité en milieu communautaire. Dans le passé, les habitants s’étaient montrés réticents à entreprendre le traitement, parfois par crainte d’éprouver des effets indésirables ou par manque de compréhension des bienfaits que peuvent apporter les médicaments. La difficulté est de découvrir si les communautés ont les mêmes réserves à l’égard de la nouvelle trithérapie, puisque ce facteur pourrait avoir une incidence sur la façon dont les programmes de santé gouvernementaux distribuent les médicaments dans les pays cibles.

Madame Krentel a réalisé son étude aux Fidji, en Haïti, en Inde, en Indonésie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, secondée par des partenaires locaux et nationaux. L’un de ces partenaires est le Centre collaborateur de l’OMS pour le transfert de connaissances et l’évaluation des technologies de la santé dans le domaine de l’équité en santé de l’Université d’Ottawa, qui est hébergé par l’Institut de recherche Bruyère.

Par son approche de méthodes mixtes, la chercheuse et son équipe ont obtenu des résultats fort intéressants. L’équipe a constaté que les effets indésirables occasionnés par les médicaments ne constituaient pas un facteur aussi important qu’il avait semblé pour expliquer l’acceptation de la trithérapie par les habitants. L’acceptation a été estimée élevée dans tous les pays même s’il y avait des différences marquées entre chacun. De façon générale, l’étude de madame Krentel montre que les communautés accepteraient le nouveau régime médicamenteux dans l’éventualité où les gouvernements décidaient d’implanter le traitement dans leur pays respectif.

Le 6 novembre 2017, l’Organisation mondiale de la Santé a approuvé les nouvelles directives concernant le traitement de la filariose lymphatique qui comprend l’usage de la trithérapie. La recherche de madame Krentel a mené à des conclusions probantes qui ont orienté la prise de décisions du Comité d’évaluation des directives de l’Organisation mondiale de la Santé. Ces nouvelles directives ont suscité l’engagement de la société pharmaceutique Merck & Co. d’élargie le don d’ivermectine, un médicament phare du nouveau traitement de la filariose lymphatique, approuvé par l’OMS. L’élargissement du programme de don de médicaments devrait aider cent millions de personnes supplémentaires par année jusqu’en 2025.